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 Concarneau. Urgences de nuit : le cri de colère d’un médecin – UNAM

Concarneau. Urgences de nuit : le cri de colère d’un médecin – UNAM

Pour Jacques-Philippe Moulinoux, ancien chef de service à la Faculté de médecine et au CHU de Rennes, « l’urgence, c’est d’assurer la survie de nuit, et donc de recruter rapidement des urgentistes ».

Alors que le comité de défense de l’hôpital ne désarme pas depuis la fermeture des urgences de nuit, un ancien chef de service du CHU de Rennes, Jacques-Philippe Moulinoux, demeurant à Concarneau, a décidé de témoigner d’un drame survenu début février. Un drame qui, selon le professeur, aurait pu être évité, avec un service adéquat.

Jacques-Philippe Moulinoux n’envisageait pas de se manifester, après le drame dont il a été témoin et acteur le 4 février. Mais à la lecture, dans Le Télégramme de mardi, de l’article sur le comité de défense de l’hôpital de Concarneau, qui ne baisse pas les bras concernant la fermeture des urgences de nuit, cet ancien chef de service à la Faculté de médecine et au CHU de Rennes a estimé que c’était de son « devoir de médecin » d’exprimer ce qu’il avait sur le cœur.

« J’habite Concarneau depuis deux ans, en plein centre-ville, face au port de pêche, et je vais vous raconter une histoire, pas très gaie », témoigne ainsi ce médecin à la retraite, dans un mail intitulé « coup de gueule ». « Cela s’est passé le 4 février à 4 h 30. Mon vieux voisin du 4e a sonné à ma porte… Totalement démuni, il a tenté de m’expliquer que son épouse (…) avait besoin d’aide. Elle avait du mal à respirer, et lui ne savait plus quoi faire… Je suis monté rapidement, en pyjama, et j’ai découvert le drame qui se jouait ».

« Nous n’avons rien pu faire »

Et Jacques-Philippe Moulinoux poursuit : «« Avez-vous appelé le 15 ? ». « Le quoi ? » m’a-t-il répondu… Pas de portable… Il faisait les allers-retours entre le téléphone fixe et son épouse… Je me suis chargé de téléphoner, et d’expliquer la situation au médecin régulateur. Une voisine de grande qualité humaine (…) m’a immédiatement proposé son aide (…).»

« Après 30 minutes de massage externe, après avoir évité une « chute de la langue » avec une cuillère (…), le Smur est arrivé. Un jeune médecin et deux autres collaborateurs (…). Des gens remarquables, mais nous n’avons rien pu faire ».

Un cerveau non irrigué 30 minutes est mort…

Jacques-Philippe Moulinoux explique avoir fait tout son possible : « Quand j’étais arrivé, le pouls était filant, la respiration quasiment absente, écrit-il. J’ai fait mon maximum, comme tout médecin a à le faire, mais sans succès. Trop tard… Un cerveau non irrigué 30 minutes est mort… »

« Jamais été confronté à une telle invraisemblance »

Une « triste fin » qu’il « ne souhaitait pas raconter », confie-t-il. Jusqu’à cet article paru mardi, et cette phrase, citée par un les membres du comité de défense de l’hôpital : « Si on fait un infarctus après 21 h, autant appeler directement les pompes funèbres ». Formule dure, mais qui a convaincu le médecin à témoigner. « Je pense que cette formule à l’emporte-pièce résume parfaitement la situation que nous vivons à Concarneau et dans ses environs. Notre maison familiale est située à Grignallou (1) : je pensais à ceux qui y vivaient. C’est bien d’acheter une IRM, mais l’urgence, et je pèse mes mots, c’est d’assurer la « survie » de nuit, donc de recruter rapidement des urgentistes ».

Et de conclure : « En tant qu’hospitalo-universitaire de Rennes, je n’ai jamais été confronté à une telle invraisemblance ».

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