EDITO OCTOBRE 2012 – UNAM
Notre santé … notre bataille
Edito UNAM
Notre santé … notre bataille
La dernière initiative du gouvernement Fillon en matière de santé a été la création d’un secteur optionnel pour contenir les dépassements d’honoraires médicaux et la première du nouveau gouvernement concerne également ce sujet. La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé cet été le lancement d’une négociation entre syndicats de médecins, Assurance-maladie et complémentaires santé pour mettre fin aux dépassements abusifs des honoraires médicaux. Cette négociation devra aboutir d’ici quelques jours.
Car les faits sont là et nécessitent des mesures d’urgence.
29 % des assurés sociaux n’ont pu avoir accès aux soins soit parce qu’ils étaient d’un montant trop élevé, soit parce qu’il fallait faire l’avance des soins avant remboursement, soit parce que le reste à charge après remboursement de la Sécurité Sociale était trop élevé.
A travers une pétition, qui a été impulsée pour notre présence à la fête de l’humanité, l’UNAM dénoncent les pratiques insupportables des « dépasseurs de tarifs » qui ne font pas une meilleure médecine que celles et ceux qui sont respectueux du secteur 1 mais qui engendrent inégalités, injustice sociale et exclusions.
En effet, les dépassements de tarifs pratiqués par 25 % des médecins en secteur 2, représentent la coquette somme de 2,5 milliards d’euros prise dans la poche des patients, soit 12 % de l’ensemble des honoraires médicaux.
Le système des dépassements d’honoraire déconstruit donc notre système de santé solidaire et s’oppose de fait à l’accès aux soins pour tous.
C’est pour cela, que nous les mutuelles de l’UNAM, nous allons dans le sens d’une pratique médicale solidaire œuvrant dans le sens d’une protection sociale de haut niveau pour tous.
Et nous en sommes malheureusement très loin, voir même nous nous éloignons de plus en plus de la justice sociale.
La rentabilité financière prend le pas sur la santé des populations, qui devient une marchandise comme les autres.
On assiste à l’explosion des contradictions entre d’un côté les besoins croissants : vieillissement, progrès médical, apparition de nouvelles pathologies, et d’un autre côté l’insuffisance criante du financement et de l’offre de soins, aggravée par les déremboursements massifs, la mise en place des parcours de soins incohérents et à plusieurs vitesse, l’application de franchise et les taxations en tout genre.
Tout cela conduit à aggraver les inégalités sociales de santé.
Pour beaucoup de Français, la question n’est même pas de savoir où trouver un médecin, mais combien cela coûte ! Des enquêtes menées par les pouvoirs publics et par les associations montrent que de plus en plus souvent nos concitoyens renoncent aux soins. Pas seulement, mais souvent pour des questions d’argent et ce parce qu’ils n’ont pas assez de ressources pour payer une bonne mutuelle ou qu’ils sont exposés aux dépassements d’honoraires, y compris à l’hôpital.
Force est de constater, une fois de plus, que nous assistons en réalité à l’organisation de la privatisation de notre système de santé.
Pour sortir de cette mise en cause réglée de notre système de protection sociale, des réformes de progrès et d’efficacité sont indispensables et incontournables. Afin que les prochaines réformes se fassent dans l’équité et la solidarité, la démocratie sociale doit être prise en compte.
Plus que jamais, nous devons agir. La solidarité pour l’accès de tous à des soins de qualité doit être au cœur de notre combat mutualiste.
Ce sont maintenant les populations disposant de revenus un peu plus élevés qui sont elles aussi affectées par le renchérissement de la santé : alors que la retraite moyenne des femmes s’établit en France autour de 1 000 €, comment s’offrir une complémentaire qui représente 10 % de son budget ou comment régler le dépassement d’honoraires pour une intervention chirurgicale ?
Comme notre nom l’indique, Alternative mutualiste, nous soutenons la construction d’alternatives. Des alternatives aux logiques libérales. L’argent doit être réorienté vers le développement des besoins sociaux.
Nous devons exiger une autre orientation de l’argent pour servir les investissements productifs et collectifs centrés sur le développement de l’emploi, des salaires, de la formation, de la prévention de la santé et du développement durable.
Il faut mettre un terme aux exonérations de cotisations sociales qui tirent tous les salaires vers le bas et minent le financement de la Sécurité Sociale sans créer d’emploi.
La France est plus riche que jamais. Mais jamais non plus cette richesse n’a été aussi peu partagée. Les réformes libérales qui se sont encore accélérées ces dernières années ont permis à une petite minorité d’accumuler des fortunes considérables. La pauvreté et la précarité se sont étendues, touchant des secteurs jusqu’ici préservés. En partageant les richesses et en garantissant le droit de chacun à une vie stable et digne, nous permettrons à tous de vivre mieux et d’être en bonne santé.
Devrait-on renoncer à l’accès de tous à des soins de qualité, pensé en 1945 dans une France appauvrie, alors que nous sommes infiniment plus riches qu’au lendemain de la guerre ?
Nathalie HIRAUX