Le rendez-vous est fixé à 11 heures, place de la République. Mardi prochain, plusieurs organisations appellent en effet les personnels du secteur psychiatrique à cesser le travail, pour réclamer dans leurs établissements « des soins plus humains ».

Organisée par le collectif « Pinel en Lutte », « la Psychiatrie parisienne unifiée », plusieurs syndicats de psychiatres (SPH, USP), Sud Santé et la CGT, le cortège devrait prendre la direction de l’Assemblée nationale en fin de matinée.

La psychiatrie publique dans une « situation dramatique »

Si les médecins, les infirmiers et autres personnels du secteur décident de se rassembler, l’objectif est en fait d’« alerter la population de la situation dramatique de la psychiatrie publique ».

« On nous demande de plus en plus de paperasse, de chiffres qui n’ont pas de sens, explique par exemple la psychologue Isabelle Basset, membre de « Pinel en Lutte ». On ne soigne pas un schizophrène comme on soigne une jambe cassée, ce n’est pas quantifiable. »

Quand j’ai commencé en psychiatrie il y a 14 ans, je connaissais les patients… Maintenant on n’arrive plus à retenir leur nom de famille.

Infirmière au GHU Paris psychiatrie et neurosciences, Oriane Cayard dresse un constat similaire : « On veut suffisamment de personnels pour pouvoir écouter les patients et éviter des situations dramatiques où l’on se retrouve contraints de les enfermer, de les contentionner. Quand j’ai commencé en psychiatrie il y a 14 ans, les conditions n’étaient déjà pas top, mais je connaissais les patients, ils me connaissaient, j’arrivais à anticiper les situations de crise. Maintenant on n’arrive plus à retenir leur nom de famille. »

Au cœur du problème, on trouve souvent un manque de budget avec des conséquences sur les traitements : un ratio trop faible de personnel, une logique « industrielle » qui pousse à faire sortir les patients le plus rapidement possible pour libérer des lits, et le recours au médicament plus souvent préféré à la médiation thérapeutique.

Des services engorgés et de gros délais d’attente

Le manque de formation du personnel ainsi qu’un turn-over important des équipes complètent les griefs, avec par ailleurs des délais d’attente importants pour des consultations ou le manque de places d’hébergement dans les centres médico-sociaux, qui contribuent à l’engorgement des services.

De côté des réponses gouvernementales, la feuille de route sur la santé mentale présentée en juin par la ministre de la santé Agnès Buzyn, tout comme la rallonge de 50 millions d’euros annoncée en décembre, n’ont pour l’instant pas convaincu les professionnels.