Soins sans consentement : Ubu est de nouveau roi ! – UNAM
Soins sans consentement:
La grande majorité des psychiatres, psychologues et des directeurs d’établissement critique cette réforme sécuritaire
Reprenant l’esprit de la loi HPST qui veut que ce soit le personnel administratif qui décide en dernière instance dans l’hôpital et dans l’ensemble du secteur de soins, voilà un nouvel exemple de marginalisation des médecins.
Concernant la sortie des patients hospitalisés sous contrainte, les psychiatres s’opposent à ce que “le dernier mot revienne à l’autorité administrative” en cas de désaccord entre les médecins et le préfet.
“Je ne me sens pas d’expliquer à un patient que son état de santé a évolué et que les médecins considèrent qu’il peut sortir mais qu’il doit rester hospitalisé car le préfet a pris une autre décision” pour des raisons de sécurité, a dit le psychiatre Yvan Halimi.
Cette nouvelle loi arrive dans un contexte de manque criant de personnel médical et paramédical.
Une dépêche APM fait état d’un questionnement d’un infirmier :
“Je viens d’un département où un secteur ne dispose d’aucun psychiatre.
Par rapport aux soins ambulatoires sous contrainte, je suis inquiet pour les infirmiers. Comment va-t-on travailler alors que nous avons déjà une attente de trois mois minimum avant de rencontrer un médecin?
Comment faire pour les transports?”.
En dehors de toute rationalité, «le texte prévoit notamment que le directeur de l’établissement peut décider à tout moment de modifier la forme de la prise en charge. (…)
Cela pose un problème car ça donne la possibilité par exemple pour le directeur d’un établissement de maintenir une hospitalisation même dans le cas où le psychiatre propose une autre solution”, a déclaré Gilles Moullec, le directeur du centre hospitalier Edouard Toulouse à Marseille, et de l’Association Des Etablissements Participant au Service Public de Santé mentale (ADESM).
Cerise sur le gâteau de cette réforme sécuritaire, il y a la multiplication des actes pour la saisine du juge des libertés et de la détention (JLD), saisine qui devient systématique dans la nouvelle loi.
Bien évidemment, il n’est pas question d’une augmentation du nombre de juges.
Gilles Moulec fustige la “lourdeur” du dispositif prévu en matière de certificats nécessaires : “Entre le premier et le 12ème jour, c’est pas moins de cinq à six certificats, de trois ou quatre médecins différents, qui doivent être rédigés et transmis”.
Ubu est de nouveau roi !