3 Questions, 3 Réponses – UNAM
Quel est le bilan des réformes injustes des retraites depuis 1993 ?
Petit à petit, les conséquences de celles-ci sautent aux yeux. La « réforme » Balladur de 1993 s’est attaquée, en plein mois d’août, à la retraite du régime général des salariés du privé. Passage de la durée de cotisation de 37,5 à 40ans. Augmentation pour le calcul des retraites des 25 meilleures années au lieu de 10 auparavant. Enfin, et ce n’est pas le moindre, l’évolution des retraites n’est plus indexée sur les salaires mais sur les prix.
Puis, le détricotage continue. 1993, 1994, 1996 et 2003 voient une augmentation du prix d’achat de la valeur du point et une baisse de la valeur du point servant de base au calcul de la retraite. Résultat : baisse des retraites complémentaires du privé (Arrco pour l’ensemble des salariés et Agirc pour les cadres).
Les inégalités sociales de retraite sont nettes : 1million de retraités vivent sous le seuil de pauvreté (ce sera la majorité en 2030 !)et 50 % des retraités ont une retraite inférieure à 1 000 euros. Sans parler des catastrophes pour les retraites d’une part des femmes malgré la majoration de la durée d’assurance pour chaque enfant élevé et pour tous ceux qui ont eu des parcours heurtés.
Notez de plus que d’après l’Insee, si l’espérance de vie augmente, l’espérance de vie “en bonne santé” n’est que de 64,2 ans pour les femmes et de 63,1 ans pour les hommes. Les salariés ont donc peu de temps ont donc peu de temps une fois leur retraite arrivée pour en bénéficier correctement.
Laissons le Conseil d’orientation des retraites (COR) conclure : le taux de remplacement moyen – niveau de la retraite par rapport au salaire – était en 2007 de 72 %, il devrait passer à 65 % en 2020 et à 59 % en 2050.
Y-a-t-il une fatalité démographique pour nos retraites ?
Non, non et non !
Il y avait 11 millions de retraités en 2000, ils seront 21 millions en 2040. C’est un fait incontournable. Mais ce n’est pas ce chiffre qui est important, c’est la répartition de la valeur ajoutée ou dit autrement c’est la productivité du travail et la part des richesses que l’on attribue aux retraites. Si les richesses augmentent plus vite que le nombre de retraités, on est dans un cas favorable. Dans le cas contraire, on est dans un cadre défavorable.
Par ailleurs, il faut noter que nous vivons dans l’arrivée de la génération du « baby-boom » à la retraite. Les personnes nées entre 1946 et 1976 arriveront à l’âge de la retraite entre 2036 et 2040 puis ce sera les « classes creuses ».
Les « bonnes âmes » utilisent un faux argument car ce sont des charlatans. Ils nous disent, l’Allemagne vient de programmer l’âge du départ à la retraite à 67 ans. Il est donc normal que nous allions dans le même sens. D’abord, ne devrions-nous pas demander plus d’inventaire pour savoir si c’est justifié ? Cà ne l’est pas ! Mais nous avons un autre argument à leur opposer : l’Allemagne a un taux de fécondité de 1,4 par femme alors que la France a un taux de fécondité de plus de 2 par femme (c’est le plus fort taux d’Europe). Vouloir s’aligner sur d’autre pays européens sans réfléchir et analyser revient à demander la même politique de chauffage à Oslo et en Andalousie !
La direction néolibérale de notre pays ment effrontément :
-L’allongement de la durée de la vie n’est pas de 1 trimestre par an comme dans les proclamations de Sarkozy, Guéant et Parisot mais de 0,44 trimestre par an comme l’estime le rapport du COR de 2007, s’appuyant sur les dernières données de l’INSEE
-La population en âge de travailler ne subirait pas une diminution de 4,1 millions de personnes entre 2006 et 2050 comme dans les précédents scénarios du COR mais resterait stable. Quant à l’augmentation du nombre de personnes âgées, elle serait moindre car la mortalité baisserait moins rapidement que prévue. Le nombre de retraités serait inférieur de 650 000 en 2050 par rapport à la moyenne des deux précédentes hypothèses retenues par le COR.
– Pourquoi veut-elle augmenter la durée de cotisations et l’age légal de la retraite alors que 6 salariés sur 10 sont au chômage lorsqu’ils prennent leur retraite ?
Avec le doublement du nombre des retraités en 2050 implique et en revenant sur les « réformes » qui ont frappé nos retraites depuis 1993, il suffit d’augmenter de 6 points la part du PIB affectée au financement de nos retraites soit un peu plus de 200 milliards d’euros. Avec un doublement de la richesse de notre pays (grâce à un taux de croissance de 1,7% par an), nous aurons 1 700 milliards d’euros de plus à cette date. Tout est donc possible !
Et par rapport à la loi Fillon de 2003, le rapport du COR 2007 dénote un besoin de 1 point de PIB en 2020 et 1,7 point de PIB en 2050. Bien noté qu’un point de PIB, correspond à 10% des dividendes versées aux actionnaires !
Alors, c’est impossible ?
Le système des « comptes notionnels » adopté par la Suède est-il une panacée ?
Pas du tout ! La Suède est passée d’un mécanisme de prestations définies à un régime de cotisations définies. Dans le système précédent, le salarié savait la retraite qu’il allait avoir. La modification du taux de cotisation permettait le maintien de ce « contrat ». Aujourd’hui, c’est l’inverse. C’est le montant de la retraite qui est la variable d’ajustement.
Dans le système suédois comme dans la retraite par point, si chère au Medef, ce n’est pas les 6 derniers mois pour les fonctionnaires ou les 25 meilleures années dans le régime de base des salariés du secteur privé qui compteront pour la retraite mais l’intégralité de tous les salaires !
Enfin, les périodes de maternité, de chômage, de maladie ou d’invalidité ne sont pas pris en compte.
Tout est fait pour que la baisse des retraites soit automatique sans nouvelle décision des autorités.
Comité de rédaction de l’UNAM