Hommage à GASTON LENFANT: respect! – UNAM
Décédé jeudi à l’âge de 97 ans, Gaston Lenfant a été une figure de « La Marseillaise ». Ces obsèques ont lieu ce mardi 12 février à 14h30 au crématorium de Marseille.
Avec la disparition de Gaston Lenfant, une page de l’histoire de Marseille se tourne. Avant de devenir journaliste, chef de service puis directeur de l’imprimerie de notre journal, Gaston Lenfant a en effet été confronté de plein fouet au tumulte du XXe siècle. Né à Marseille de parents originaires de Roquefort-la-Bédoule, il obtient son certificat d’études avec mention bien puis poursuit des études secondaires et rêve de devenir enseignant. Malheureusement, son père, laïc, syndicaliste combatif, devient chômeur, contraint d’aller chaque semaine chercher un peu de légumes que la CGT remet aux « sans travail ». Gaston doit dès lors arrêter ses études pour aller travailler. Révolté par l’injustice, il adhère aux Jeunesses communistes et réussit un concours pour entrer en apprentissage aux chantiers navals. Il entre alors dans une équipe en charge du bateau numéro 161.
Sous le signe de « La Marseillaise »
Très vite, la guerre éclate. C’est la défaite et le bateau 161 est toujours sur cale quand des techniciens allemands viennent encadrer la direction des chantiers. Comme les autres jeunes des chantiers, il évite le STO du fait du besoin de main-d’œuvre dans ce secteur. Le paquebot 161 n’a toujours pas de nom. Avec les autorités nazies, le gouvernement décide de l’appeler Philippe-Pétain. La Résistance des chantiers s’y oppose en multipliant les sabotages et ce n’est qu’en 1944 que le navire fut lancé et baptisé La Marseillaise. Un nom prémonitoire pour Gaston. Après le débarquement en Provence, il rejoint ses parents qui habitent à Saint-Marcel. Avec quelques jeunes du quartier, ils constituent un petit groupe de FTP. La libération de la ville arrive enfin. Gaston se retrouve dans le 4e régiment de tirailleurs tunisiens. Il part sur le front d’Alsace puis en occupation en Allemagne à Kaiserslautern.
De retour à Marseille, il prend contact avec le PCF et rencontre Marcel Guizard, directeur de La Marseillaise. Le voilà intégré à l’équipe du journal. En 1945, il entame une très longue carrière journalistique et réalise des reportages dans le monde entier (URSS, Chine, Allemagne, Italie, États-Unis, Grande-Bretagne, Amérique du Sud, colonies…). Il assume ensuite d’importantes responsabilités : direction de divers services, direction de l’imprimerie, mise en place d’une édition de La Marseillaise pour la Corse… Il épouse en 1951, une jeune militante de l’UJFF, Anna Pastacaldi. « Il s’est toute sa vie investi dans l’économie sociale et solidaire, dans la Mutualité, la vie associative », témoigne Félix Girolami de l’Amicale des vétérans du PCF 13.
La mémoire de Gaston Lenfant, resté fidèle à son engagement communiste jusqu’au bout, est saluée par la fédération PCF et ses camarades de la section du 14e arrondissement. « Nous assurons sa fille Dominique, sa petite-fille Maeva et son arrière-petit-fils ainsi que toute sa famille de notre soutien fraternel dans ces moments douloureux », écrivent-ils. La Marseillaise s’associe à leur peine.
Léo Purguette