Pétition du mouvement de Défense de l'Hôpital Public ! – UNAM
Les contre-réformes dans le secteur de la santé et de la protection sociale se succèdent depuis 43 ans. Longtemps, l’opinion publique, conscient du fait de vivre dans un pays ou ce secteur est très développé, se bornait à faire confiance au système lui-même et à ses professionnels.
Nous sommes aujourd’hui à un tournant.
De plus en plus de militants organisent des réunions publiques pour condamner ces contre-réformes.
Il y a de plus en plus de monde dans les réunions publiques consacrées à ces thèmes.
Ici et là, des professionnels de santé, tirent la sonnette d’alarme et déclarent que les restructurations demandées condamnent l’application du principe de solidarité pour le remplacer par la gestion par le risque et par la charité.
De plus en plus d’élus commencent à se mobiliser.
Une nouvelle stratégie d’alliances à front large se met en place petit à petit entre des militants, des professionnels de santé et des élus. Elle préfigure une nouvelle dynamique militante et sociale.
C’est dans ce cadre qu’il faut analyser le développement remarquable de la pétition lancée par le Mouvement de défense de l’hôpital public (MDPH).
Près de 500.000 signatures (voir le site www.mdhp.fr )
Ce nouveau mouvement lancé par les médecins de l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris(APHP), qui regroupe un certain nombre d’hôpitaux d’excellence, a atteint une audience qui dépasse les frontières de l’APHP.
Le soutien du mouvement social à ce mouvement est exemplaire.
Jamais, nous n’avons eu une croissance aussi forte sur un appel à signataires sans que les organisations du mouvement social elles-mêmes en fassent leur priorité.
Une coordination médicale regroupant chaque hôpital de l’APHP va se réunir vendredi 12 mars prochain suite à des assemblées générales médicales par établissement.
L’élargissement aux médecins d’autres hôpitaux est dans les têtes.
Les initiateurs de ce mouvement ont conscience du fait qu’il leur est nécessaire de construire un rapport de forces, jusqu’à y compris les autres forces du mouvement social.
Ils ont bien compris le double jeu des autorités actuelles de notre pays.
Alors que Nicolas Sarkozy gère directement ce dossier avec son conseiller R. Soubie et l’a fait savoir dans un déjeuner de l’Elysée en présence d’une dizaine de dirigeants médicaux de l’APHP . La ministre de la Santé n’a pas pris la parole et l’absence du directeur général de l’Union nationale des caisses d’Assurance-maladie(UNCAM) et du directeur préfigurateur de l’Agence régionale de santé(ARS) fut remarquée.
Ceci n’a pas empêché le directeur de l’APHP de déclarer urbi et orbi le projet de 4000 suppressions de poste dans ce groupe hospitalier, ce qui va impacter la qualité des soins de ce groupe hospitalier d’excellence.
Lors d’une assemblée générale réunie le 15 décembre dernier, les revendications du Mouvement de Défense de l’Hôpital Public ont été clairement définies :
1°) Arrêt immédiat des rendus de postes médicaux et non médicaux;
2°) Suppression immédiate du plafonnement du tableau des emplois rémunérés;
3°) Refus des 4000 suppressions d’emplois médicaux et non médicaux programmés d’ici 2012, sans justification médicale ;
4°) Investissements nécessaires aux restructurations médicales;
5°) Maintien des services et départements dans les décrets d’application de la loi HPST;
6°) Évaluation des activités de soins, de gardes et d’astreintes et une évaluation spécifique du siège de l’AP-HP;
7°) la convergence tarifaire intra-sectorielle doit être segmentée afin de comparer ce qui est comparable, c’est-à-dire les établissements ayant des tailles, des missions et des contraintes similaires, à l’opposé d’une convergence intra-sectorielle nationale, sorte de prix de marché administré.
Et puis, il devient de plus en plus évident pour tous : militants sociaux, personnels médicaux et paramédicaux, élus, etc. que la logique qui est à l’œuvre est bien la privatisation des profits et la socialisation des pertes.
Les bénéfices record des firmes multinationales pharmaceutiques, des firmes multinationales de l’assurance, des instituts de prévoyance, amis de Guillaume Sarkozy, des cliniques privées à but lucratif, des établissements médicaux-sociaux privés (1) sont là pour le montrer.
C’est bien pourquoi la poursuite, dans le mouvement social, des actions de résistance d’une part et des actions d’éducation populaire tournées vers l’action d’autre part est la priorité de tout militant et de tout mutualiste éclairé attaché au principe de solidarité en matière de santé et de protection sociale.
Bernard Teper
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- ces établissements regroupent les Établissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD, sigle signifiant les maisons de retraite) et les Soins de suite et de rééducation (SSR, signe signifiant des maisons de convalescence).